Allongé sur un paquet de feuilles raturées et de lettres mortes, sous une pleine lune effrontée, il attendait. Les yeux effondrés et les bras écartés, il attendait que la réponse arrive. D’abord ralentie par les ricochets de l’impatience et les aléas de ses défenses, la réponse avait poursuivi son long voyage de procession athée et longé lentement la rive sombre et sauvage, les artères du déni, passons. Sur le sentier des écorchés, elle avait croisé quelques noisetiers penchés, des doutes à la dérive et un passant. Puis, avec l’aide de quelques branchages d’un solide vécu, elle se hissa jusqu’à lui, remontant la rivière nue, telle une amazone à cru.
Arrivée devant ce corps allongé, elle laissa échapper un petit rire étrange derrière les bruissements de l’eau.
Il lève les yeux vers elle, n’y croyant plus, suppliant sa pitance, hurlant au ciel tout le vacarme de ses silences. Il voulait l’entendre et la voir, cette réponse à toutes ses questions, la Réponse des réponses, pour stopper enfin les centaines de pensées hantées qui dansaient depuis Milan. Sacrée arborescence… Alors, dans le silence du soir presque tombé, elle s’agenouille et se penche. Son sein droit effleure volontairement l’épaule dénudée de l’homme allongé et les feuilles brunes et or recouvrent son corps. Joli décor. Enfin, dans un souffle chaud, elle lui murmure derrière son oreille abîmée, ces quelques mots. « La réponse est… peut-être. ».
LA RÉPONSE DES RÉPONSES.
©️ Corynne Albin @co.et.son.stylo
La réponse des réponses
août 31, 2025
