Il ne fait pas nuit, non. Devant ce soleil inexistant faute au mauvais temps, mes doigts crispés par le froid noircissent tant bien que mal les cellules vides du tableur qui semblent impatientes d’être fusionnées. Menu déroulant sur mes paupières de plomb qui tombent de lassitude devant mon écran tactile et ma souris, elle aussi, à cran. Assis à ce bureau froid, mon regard s’évade et fixe le néon chaud du faux plafond mat. Visiblement, il envisage une pause. Je suis bien d’accord. Je ferme mon tableur et range mes crayons sans couleurs. Bref, je me taille. Il est grand temps de tout planter et de laisser germer l’envie de sortir, de lâcher prises et rallonges et d’éclairer de rose mes joues par l’air frais retrouvé. Sortir. Maintenant. Dehors. Enfin. Je me retourne, la nuque endolorie par des heures indues et la morne répétition des jours. D’un geste lent, je lève mon visage pâle vers la fenêtre sale. Je sors de ma poche ajustée ce satané rectangle vitré de fer lustré qui capte ma vie sage ou dissolue, la lumière douce écrue et mes souvenirs d’ici et d’hier. J’observe. Je cadre. Je fixe. Pendant que mon reflet allongé défait danse en effet sur les baies vitrées bureautiques, je vise haut et je prends la pause.
©️ Corynne Albin @co.et.son.stylo
Prendre la pose
août 31, 2025
