C’est lueur du coucher du soleil. L’éclairage velouté de la lune s’installe par-dessus les nuages et dessine les rêves réverbères d’un soir sans étoiles. Thomas descend rapidement les escaliers de son immeuble, non loin des Ternes. L’humeur un peu terne. Pourtant, il brille à l’intérieur depuis ce soir glacé de décembre où il a croisé, comme glissant du ciel sur l’avenue Niel, cette femme fière et sombre comme un fait d’hiver, Sélène.
Avec ses yeux gris et sa laine anthracite, Sélène attend Thomas au fond du petit salon ombragé. Enveloppée d’un léger nuage de parfum de thé blanc et de sauge, à lui elle songe. Ses longs doigts gantés de cuir effleurent le bord du canapé Chesterfield en velours vert défoncé. D’un geste lent et les gants, elle tourne son poignet pour voir l’heure. Il sera peut-être à lueurs et aura sûrement le regard éclairé, sans leurre. Thomas accélère le pas et bat le pavé pour la retrouver. Sous son veston, son cœur bat plus fort que sous ses Weston. Il entre. Elle voit. Il sourit. Elle aussi. Sans un mot, aimantés, les corps se parlent au thé.
Au mur, le miroir réfléchit et ils ne pensent plus à rien. L’endroit est feutré, indélébile de désirs flottants et le décor mordoré indicateur de petites morts annoncées. Pour la danse décor, la lune pleine est or.
Après moults respirations et mouvements saccadés, les voici enfin projetés simultanément dans une montée intense, essentielle. Soulagés, ils filent ensemble droit vers un ciel aveuglé d’étoiles… C’est leur coucher de sommeil.
QUELLE LUEUR EST-IL ?
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